Opticien : un métier en plein bouleversement
Depuis quelques années, le métier d’opticien connaît beaucoup de bouleversements. L’évolution du cadre réglementaire, des habitudes de consommation (développement de la vente de lunettes par internet ou de l’optique en mobilité) ou encore de la démographie (vieillissement de la population) changent la donne.
Dans cet article, nous faisons le point sur les évolutions du métier d’opticien.
Vers une crise des vocations en magasins
Lorsqu’on souhaite devenir opticien, la voie est déjà toute tracée. Une fois diplômé du BTS d’Opticien-lunetier (qu’on peut compléter ensuite par une licence professionnelle), on peut exercer en magasins ou en cabinet d’ophtalmologiste. Après plusieurs années en tant qu’opticien collaborateur en boutique (2 à 5 ans), on peut prétendre devenir gérant, puis ouvrir son propre magasin. Ensuite, il est possible d’évoluer vers des postes d’animateur réseau ou de responsable secteur (souvent après 10 ou 15 ans d’expérience). En cabinet d’ophtalmo, les perspectives d’évolution sont moins nombreuses : un opticien-optométriste peut devenir au bout d’1 ou 2 ans assistant en ophtalmologie, puis, après 5 ou 10 ans d’expérience, il pourra se tourner vers l’enseignement ou vers un poste en laboratoire et de commercial dans l’industrie.
Pourtant, une troisième voie émerge : l’optique hors les murs. Et cette dernière séduit de plus en plus. Le mode de management dichotomique (un dirigeant, son équipe) et la redondance de certaines tâches (administratif) du métier d’opticien en magasin, ainsi que la recherche d’une façon d’exercer son métier différemment, ont poussé nombre d’employés à se tourner vers l’optique en mobilité. Surtout que cela répond à un réel marché et à un réel besoin de la part de la population : 40 % des personnes âgées de + 78 ans ne portent pas de lunettes adaptées à leur vue.
De plus, d’autres raisons poussent les opticiens à sortir du magasin : gagner un salaire motivant, avoir un emploi qui permette de concilier vie personnelle et professionnelle, retrouver des valeurs “métiers”, briser la routine et être plus autonome.
Développer un rôle de conseil médical
L’opticien est souvent perçu comme un simple vendeur de lunettes. Mais il n’est pas qu’un commerçant, il est un vrai professionnel de santé de proximité. En étant au contact avec les porteurs de lunettes, il est le lanceur d’alerte médicale de 1er niveau face aux problèmes de vue. Surtout dans un contexte où les déserts médicaux se multiplient et où l’accès aux ophtalmologues se complexifie (délai pour obtenir un rendez-vous de plus en plus long).
Cela prend encore plus de sens dans le cadre de l’optique en mobilité : lorsqu’il se déplace en EHPAD ou en établissement médico-social, l’opticien est au contact de patients “compliqués”, dépendants, sous tutelle, parfois même handicapés. Il doit se former pour maîtriser la connaissance de certaines pathologies et du décèlement de certains signes de celles-ci.
Pour mieux servir son patient, un opticien à domicile doit aussi coopérer avec les autres acteurs de la filière : les ophtalmos (pour renouveler ou adapter une ordonnance) et les optométristes. Il est ainsi au centre du dispositif : bien qu’il ne soit pas médecin (et qu’il ne puisse donc pas prescrire), il a un rôle à jouer en apportant des conseils médicaux. Il assure également la coordination des soins de santé, en faisant le lien avec les médecins généralistes, la famille et le personnel de l’établissement (dans un EHPAD, par exemple).
Vous l’avez compris, avec l’avènement de l’optique à domicile, le métier d’opticien est en plein bouleversement. Plus qu’une adaptation, c’est un nouveau métier qui s’est créé. C’est à la fois une opportunité pour les entrepreneurs voulant conquérir un nouveau marché et pour les employés en quête de reconversion.