Opticiens, comment prendre en charge la santé visuelle des personnes âgées dépendantes
Dans un contexte de vieillissement de la population, la question de la prise en charge de la santé visuelle des personnes âgées dépendantes devient de plus en plus cruciale. En cette Journée nationale de la Gérontologie, explorons ensemble les défis et les meilleures pratiques pour répondre aux besoins optiques spécifiques des personnes âgées dépendantes.
Vieillir : une réalité aux multiples définitions
A quel âge devient-on “vieux” ? D’après les médecins, le corps commence à vieillir à partir de 20 ans, avec la sénescence, processus de vieillissement cellulaire naturel qui affecte l’ensemble de l’organisme. Mais les effets visibles se manifestent généralement plus tard, vers 40 ans, avec la baisse des l’acuité visuelle et l’apparition de la presbytie, qui sont les premiers signes de ce vieillissement.
Dépendance et perte d’autonomie : une réalité complexe :
La perte d’autonomie correspond à une diminution des capacités à réaliser les actes quotidiens de la vie courante. Cette perte peut être progressive ou soudaine, et affecter différents aspects de la vie quotidienne, comme la toilette, l’habillage, l’alimentation, les déplacements ou encore la gestion des finances.
Souvent, face à ces difficultés, les personnes âgées adoptent des stratégies pour maintenir leur autonomie le plus longtemps possible. Elles réaménagent leur quotidien en abandonnant certaines activités et relations, tout en les substituant par d’autres plus accessibles : c’est ce qu’on appelle le processus de “déprise”.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la perte d’autonomie, dont le vieillissement naturel, les maladies chroniques, les accidents ou encore les troubles cognitifs. Cette perte peut avoir un impact important sur la qualité de vie des personnes âgées, en les privant de leur indépendance et en les exposant à un risque accru d’isolement et de dépression.
Évaluer la dépendance et les solutions d’accompagnement : la grille AGGIR
Le degré d’autonomie est classé du GIR 1 (gravement handicapé) au GIR 6 (encore autonome pour les actes essentiels de la vie courante), ce qui permet de distinguer l’espérance de vie (82 ans) et l’espérance de vie sans incapacité (64 ans). Face au vieillissement de la population, l’EHPAD, avec seulement 700 000 places disponibles, ne pourra être la solution pour tous. Le “vieillir à domicile” devient une nécessité, d’ailleurs soutenu par les Français et les pouvoirs publics.
En tant qu’Opticien Mobile, vous êtes (et vous serez) acteur de ce maintien à domicile : voilà pourquoi il est important d’être bien outillé pour prendre en charge les besoins visuels de ces patients à leur domicile.
Comment accompagner les publics âgés dépendants ?
Adopter une approche empathique et bienveillante
Tout d’abord, l’une des premières qualités dont vous devrez faire preuve est l’acceptation. Le vieillissement peut s’accompagner de troubles cognitifs, de fatigue et de sautes d’humeur. Ceux-ci ne sont généralement que passagers et, dans ce cas-là, mieux vaut ne pas insister ni s’en offusquer, et revenir à un autre moment plus propice à l’échange.
Pour garantir un accompagnement optimal, l’opticien doit avoir des qualités essentielles
- Patience : prendre le temps nécessaire pour expliquer et rassurer.
- Écoute active : comprendre les besoins et les difficultés de la personne.
- Empathie : se mettre à la place de la personne et comprendre ses ressentis.
- Respect : considérer la personne âgée comme un individu à part entière.
- Pédagogie : adapter votre communication pour une meilleure compréhension.
2. Bâtir une relation de confiance avec les familles
Deuxièmement, il est important de rassurer les familles et aidants. Souvent éloignées géographiquement, l’entourage proche peut parfois être inquiet et méfiant envers les intervenants extérieurs. Il est important d’informer, de répondre à leurs questions et de les associer au parcours de soins de leur proche. Cela permettra de dissiper leurs craintes et de créer un climat de confiance mutuelle.
- Établir un dialogue ouvert et transparent avec les familles.
- Les informer des soins prodigués et des conseils délivrés.
- Les rassurer sur votre expertise et votre engagement.
3. Développer une posture de coordinateur en santé visuelle
Enfin, soyez conscients que votre rôle d’opticien ne se limite pas à la correction des troubles visuels. Vous êtes également un acteur de santé vigilant qui peut détecter des signes d’alertes pathologiques et orienter la personne âgée vers un médecin si nécessaire. Glaucome, DMLA, cataracte, … certains n’auront pas vu un ophtalmologiste depuis des années et n’auront même pas conscience d’avoir une pathologie… La collaboration avec les ophtalmologistes et les autres professionnels de santé est donc essentielle pour garantir une prise en charge optimale.
- Dépister les patients pour repérer l’ensemble des besoins visuels
- Alerter et orienter la prise en charge vers le parcours adapté.
- Équiper et corriger les défauts visuels pour retrouver un sens essentiel
En conclusion, la prise en charge de la santé visuelle des personnes âgées dépendantes est une mission complexe et multidimensionnelle. En adoptant une approche empathique, proactive et collaborative, les opticiens peuvent jouer un rôle crucial pour améliorer la qualité de vie de cette population fragilisée.