L’opticien face aux pathologies oculaires
L’opticien a un rôle central à jouer pour faciliter l’accès à la santé visuelle pour tous. Notamment auprès des seniors touchés à la fois par des troubles visuels (97% des personnes âgées de plus de 60 ans présentent un trouble de la vision), et par l’apparition de pathologies oculaires. Au-delà de la délivrance d’équipements optiques, l’opticien est le professionnel de la santé visuelle, acteur de proximité, et a également une place à tenir dans la prévention, la sensibilisation et l’accompagnement du patient âgé. Au cœur de la filière visuelle, il doit pouvoir alerter en cas de signes de pathologies oculaires et référer dès que nécessaire à un médecin ophtalmologiste. Dans cet article, nous vous détaillons les bonnes pratiques à suivre.
Un rôle d’alerte et d’information sur les pathologies oculaires liées à l’âge
Les pathologies oculaires liées à l’âge impactent la qualité de la vision et la qualité de vie et, si elles ne sont pas diagnostiquées à temps, peuvent entraîner la cécité. Le rôle de l’opticien est crucial, car il intervient en première ligne lors d’un examen de vue, et peut en déceler certains symptômes. Il doit être capable d’identifier ces signaux d’alertes afin d’adresser le patient vers un médecin ophtalmologiste et d’informer le patient pour la surveillance et les traitements médicaux déjà mis en place. Afin de l’aider à mieux accompagner ces patients, nous avons créé un guide complet sur les pathologies oculaires liées à l’âge, et qui explique comment l’opticien peut réagir face à chacune d’entre elles.
La DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge) :
Cette pathologie évolutive et invalidante, caractérisée par une dégradation du centre de la rétine (macula), conduit à terme à une baisse de la vision centrale et une déformation des images. Les opticiens doivent particulièrement être vigilants lorsqu’ils consultent des patients de plus de 75 ans (¼ sont touchés par la DMLA), surtout s’ils sont à risque (antécédents familiaux, mauvaise nutrition, tabac). En cas de gêne, de perte de la vision centrale ou d’une déformation des images, il faut aiguiller le patient vers un médecin ophtalmologiste pour qu’un diagnostic soit réalisé, et qu’un traitement soit apporté. Les traitements les plus fréquents sont des traitements anti-VEGF administrés par voie intravitréenne dans le cas d’une DMLA exsudative ou “sèche” ou des traitements à partir de molécules de pegcetacoplan et avacincaptad pegol complétés par la prise de suppléments nutritionnels dans le cas d’une DMLA atrophique ou “humide”.
La cataracte :
La cataracte est une dégénérescence progressive du cristallin qui se traduit par une baisse de vision de loin et de près. Elle se soigne par la chirurgie (plus de 800 000 opérations de la cataracte en France par an). En cas de baisse d’acuité progressive non corrigible du patient, l’opticien doit l’adresser vers un médecin, surtout si la personne présente les facteurs à risque suivant : âge, diabète ou forte exposition au soleil (UV). Une fois l’opération de la cataracte réalisée (l’une des chirurgies toutes spécialités confondues qui enregistre les meilleurs résultats), l’opticien peut équiper la personne en fonction du type d’implants mis en place (généralement un mois après la chirurgie) et surveiller que ses acuités visuelles ne baissent pas (possibilité d’un œdème maculaire postopératoire).
Le glaucome :
Le glaucome est une maladie chronique oculaire qui touche les cellules constituantes du nerf optique (cellules ganglionnaires rétiniennes) entraînant une altération irréversible du champ visuel (zones grises ou sombres en périphérie du champ de vision) et pouvant aller jusqu’à la cécité sur l’œil touché en cas de lésions trop importantes. Dans 40% des cas, il n’est pas diagnostiqué, d’où l’importance pour l’opticien d’être vigilant pour réinsérer les patients glaucomateux dans le parcours de soin au plus tôt de l’apparition des premiers symptômes. Les facteurs de risque sont l’âge, les antécédents familiaux, l’augmentation de la pression intraoculaire, une forte myopie et certaines origines ethniques (les populations d’origine africaine ont plus de chances de développer un glaucome en vieillissant). À noter également qu’une fois diagnostiqué, un glaucome nécessite un suivi semestriel auprès d’un médecin ophtalmologiste.
En plus d’alerter le patient et de l’adresser à un ophtalmologiste en cas de symptômes, l’opticien a un rôle d’information à jouer auprès des proches, surtout lorsqu’il s’agit de personnes âgées non autonomes (famille, aidants).
Pour les patients sous traitements médicaux, l’opticien peut également les sensibiliser à la bonne observance du traitement. D’autant plus pour les opticiens en mobilité qui se déplacent en établissement médico-social au contact du personnel soignant de l’EHPAD (infirmières, aides soignantes, médecin coordonnateur).